Biennale Bénin 2012 / Installation Cité Baata de Syl. Pâris. KOUTON. Exposition Internationale. Commissaire : Abdellah KARROUM

par | Jan 17, 2013 | Non classé

La BIENNALE   BENIN   2012   « Inventer le monde: l’artiste citoyen »

s’est tenue au Centre Kora de Cotonou du 8 novembre 2012 au 13 janvier 2013

Syl.Pâris.Kouton fait partie des 34 artistes internationaux retenus pour cette Biennale, parmi lesquels on comptait de nombreux grands noms de l’art contemporain africain comme Frédéric Bruly BOUABRE, Owusu ANKOMAH, Solly CISSE, Meschac GABA, Barthélémy TOGUO, Cyprien TOKOUDAGBA, Pélagie GBAGUIDI et bien d’autres…

SPK a choisi d’y présenter une grande installation de 6.09m x 7.80m x 3.50m, « Cité Baata, l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la conscience collective » .

Depuis 2003, date de création des premiers masques Baata, l’artiste plasticien Syl.Pâris.Kouton contribue au renouvellement de l’univers traditionnel des masques au Bénin, parallèlement à la démarche de son ami l’artiste Romuald Hazoumé avec ses masques bidon, lui aussi originaire de Porto-Novo. Ce nouveau champ de création contemporaine s’inscrit dans un univers sacré, dont l’artiste se considère comme le prêtre. « Baata » signifie « chaussure » en langue Yorouba. Bien plus qu’un simple accessoire vestimentaire et un marqueur identitaire et de notoriété, la chaussure est à la fois un objet de pouvoir et de malédiction dans la tradition béninoise. « Baata » désigne également une danse sacrée des pieds, très pratiquée par la communauté Yorouba des régions de Pobè, de Sékété et du Nigeria.

L’artiste, qui a également des talents d’écrivain, a rédigé un long texte permettant de bien comprendre le sens de son installation et de sa démarche:

A quoi ressemble aujourd’hui le visage de la vie des habitants de chez moi ? Rien d’autre qu’une cité sous le masque de l’individualisme, de la pollution, de l’absence des espaces de rencontre et de créations culturelles. Une cité où le culte de l’argent et du matériel fait lit au bradage du patrimoine, au culte de la personnalité et à l’ignorance des vertus endogènes à la tradition.

Le projet intitulé « Cité Baata, l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la conscience collective», est une création de masques originaux, où les chaussures dans leurs formes socialisées et mystiques interpellent tout individu qui entre dans cette forêt imaginaire, pour l’inviter à entreprendre un voyage initiatique fondé sur l’impact de l’inconscient de chacun sur la conscience collective.

 Ici chaque masque Baata est comme un personnage d’un Panthéon, autour duquel l’artiste pose à travers son regard un  dispositif artistique exprimant la morale et l’interdit que prône son masque Baata.

La forêt représente ici le visage humain que l’artiste veut donner au monde autour de lui. Elle est formée de poutres faites de chaussures dans une configuration rectangulaire, où l’entrée nous oblige à nous incliner pour recevoir la bénédiction issue des empreintes sacrées des chaussures.  Le visiteur dans cette forêt, ou cité Baata, découvre la transformation physique et mentale que l’artiste apporte à l’état de la communauté à travers la sociologie des chaussures dans le contexte sous régional.

En fin de parcours initiatique, l’artiste nous mène vers le diptyque « Sylpâriskoutonlogie : Baata ; My Blue And Me », miroir qui sépare deux mondes invitant les visiteurs à poursuivre et à entreprendre à nouveau un autre voyage initiatique. 

Donc pénétrer dans cette Cité Baata constituera une expérience forte et d’une grande intensité pour quiconque aura le désir de suivre ce parcours, symbole d’un grand voyage initiatique. 

– Les gens se déchaussent et vont garder dans la main leurs chaussures durant le parcours dans la cité Baata.

Pour nous tous, se déchausser à l’entrée d’une maison ou d’un quelconque lieu religieux est signe de respect et de sacré,

Pour moi, se déchausser  à l’entrée et parcourir la cité Baata, chaussures dans la main, a beaucoup de sens dans ce voyage initiatique. Et cela rapproche le passeur de ses propres chaussures dans lesquelles il ne voyait auparavant que de simples objets…

Ce contact vrai est d’un grand symbolisme et constitue un vrai dialogue aux  sens multiples qui n’aurait pas lieu si les chaussures étaient déposées à l’entrée de la forêt, juste par signe de respect ou de sacré. Car j’en ai fait moi-même  l’expérience  et j’en ai vraiment compris le sens.

 

– Un panneau à l’entrée de la cité sur lequel on a l’indication :  » Il est obligatoire de se déchausser. Merci » (dans plusieurs langues)

D’ores  et déjà, je crois que la Cité Baata sera la seule œuvre de la biennale (humblement parlant) qui ne sera pas accessible à tout le monde, même si ce n’est pas mon intention; d’autres penseront que c’est insolite !!!    Car celui qui ne veut pas se déchausser et surtout faire le parcours  les chaussures dans la main, le principe est qu’il ne peut pas entrer. C’est vraiment là le vrai mystère de cette installation  et ce sera plus inédit…

Même pour le Président de la République, les ministres ou les députés ;  de même pour un quelconque responsable ou dirigeant d’un groupe ethnique, religieux ou sociale ; Ils doivent respecter rigoureusement cette règle qui est pour moi d’un grand symbole d’humilité et d’égalité sinon ils ne peuvent pas entrer dans cette Cité Baata et sont donc exclus de ce voyage initiatique. Et là c’est sérieux !!! Car dans ma cité Baata il n’y a pas d’accueil spécialement réservé pour les soi-disant  chefs.

Donc ceux qui respectent  la règle et qui entrent dans cette cité pourront comprendre le sens des masques Baata du Panthéon.  

A la fin du premier parcours-aller, ils sont en face de ce diptyque

  “ Sylpâriskoutonlogie : Baata ; My Blue And Me ”

qui est l’emblème de la cité Baata.

Ce tableau est le premier bilan de ma création Masques Baata depuis  le premier « Forces Centrifuges » qui a été réalisé en Janvier 2003 jusqu’à ce jour

 

Et le Bleu ?

Même Yves Klein avec son IKB est-il vraiment détenteur de ce bleu?!                                                                                                     

En ce qui concerne mon bleu c’est juste pour parler des bleus outremer, indigo, phtalmo ou autres pigments bleus qui sont toujours présents dans au moins un millimètre carré de chacune de  mes œuvres picturales, comme le lézard qui laisse toujours un petit point blanc dans son déchet sur nos murs ;  moi l’artiste je laisse toujours un petit bleu dans mon Art. Certains pensent que je suis le King du Blue.

Ainsi dire que ce diptyque représente un mur rouge latérite

D’un bleu indigo délavé par le temps

Ce mur qui sépare deux mondes…

Le monde des profanes et celui des mystères

Le monde des non initiés et celui des initiés

 

Ce mur rouge latérite n’est-il pas un symbole ?!

Symbole de liens sacrés, de pactes et d’ancestralités 

Avec son bleu indigo, symbole de douceur, de sérénité, de paix, de quiétude, de partage et de dialogue. 

Ce mur qui a traversé le temps et qui a  la mémoire du temps, va appeler,

attirer, inviter et interpeller ces passeurs…

 

En passe muraille, vont-ils poursuivre un autre voyage initiatique derrière ce dernier ?

Dans le monde des Mystères et des Vérités !!!

Je crois que non !!!

Car ils n’ont pas encore terminé ce parcours aller et retour, ce dialogue avec les masques Baata du Panthéon. Donc la prochaine fois ils feront cette expérience derrière ce diptyque.

 

Ainsi donc, à la fin du parcours-retour  de ce voyage initiatique

– Un panneau de 200 x 100 cm
A l’entrée dans un angle où après le voyage initiatique  ils peuvent accrocher leurs chaussures avant de ressortir les mains vides ;  Et cela ne concerne vraiment que ceux qui désirent vivre cette expérience. Car ce  n’est pas obligatoire. Ainsi, ces passeurs accrochent leurs chaussures, gardent sur eux un numéro comme dans un parking moto et reviennent les chercher quand ils le veulent, car elles seront déjà chargées en énergie positive. Sous un autre angle ils peuvent apporter une autre fois des chaussures qu’ils souhaitent charger en énergie positive dans la cité Baata; ou en laisser là pour que l’artiste les utilise pour qu’elles deviennent, avec leur autorisation,  des masques Baata qu’ils pourront venir chercher après la biennale.

Enfin ; Pour moi, ma création  Masques Baata ouvre un nouveau regard sur la problématique des masques dans le milieu artistique du 21e siècle. Et c’est vraiment  pour faire ressortir l’aspect sacré du masque et du Masque Baata. Aussi, c’est pour croiser les symboliques : du culte de la marque et du sacré de la chaussure à la transcendance par le masque. C’est aussi une conscientisation au développement durable (laisser peu à peu les masques en bois au profit des Masques Baata).

Donc à travers cette installation,

« Cité Baata, l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la conscience collective »  année 2012

chaque béninois ou autre habitant du Monde verra son image, son ombre.

chaque béninois ou autre habitant du Monde s’auto – questionnera pour savoir ce que lui aussi apportera au monde par sa propre création et en tant que citoyen.

Syl. Pâris.Kouton, prêtre d’un univers sacré, célèbre les masques Baata dans un poème qui conclut le dialogue avec son amie Sophie Lemann, intitulé  » l’Histoire des Masques Baata »

ô Masques Baata !

Réveillez-vous

Ne soyez pas comme ce peuple d’Afrique qui

est toujours dans un profond sommeil…

ô Masques Baata !

Défendez-vous

Ouvrez-vous le chemin…

ô Masques Baata !

Quand la musique de l’Europe vous invite

Allez-y et dansez…

ô Masques Baata !

Quand la musique des Amériques vous invite

Allez-y et dansez…

ô Masques Baata !

Quand la musique de l’Asie vous invite

Allez-y et dansez…

ô Masques Baata !

Quand la musique de l’Océanie vous invite

Allez-y et dansez….

ô Masques Baata !

Quand la musique du Feu et de l’Air vous invite

Quand la musique de la Terre et de l’Eau vous invite

N’hésitez pas, c’est votre musique

Maintenant dansez…