Bio

Biographie

« Lorsqu’on est habillé avec les vêtements des autres, on est nu. Mes parents avaient raison.
Etre dans une religion ou croyance importée, tant mieux !
Appartenir à d’autres valeurs importées ou subir cette greffe culturelle tant mieux !
Mais où sont passées mes valeurs ancestrales ? Ces valeurs dans lesquelles je suis né circulent toujours dans mes veines, dans mes pensées.
Les valeurs endogènes sont dans mon corps, dans mon esprit et dans mon âme.
Elles appartiennent à mon héritage spirituel.
Car je ne peux pas les rejeter, je ne peux pas les renier.
C’est mon identité.

 

A travers mes toiles qui sont à l’image des murs de Hôgbonou, d’Adjatchè et de Porto-Novo. Des murs d’ici ou d’ailleurs…
Un mur sépare deux mondes :
Le premier est accessible à tous, mais l’autre est soumis au code des initiés.
Je suis toujours curieux de découvrir ce que ces murs renferment.
Avec mes toiles je représente les diverses cultures qui peuplent ma ville à trois noms symboliques ou la cité des Aïnonvis : Goun, Yoruba, Agouda (afro-brésilien), etc.
Je fais maintes références à leurs mœurs et croyances,
Je m’inspire des pratiques liées au vodoun et à l’art divinatoire : le Fâ.»
Ainsi commence le texte de Syl. Pâris. KOUTON accompagnant l’œuvre « DERRIÈRE UN MUR DE HONMÈ : HÉRITAGE ANCESTRAL »
En quelques mots, l’univers de Syl. Pâris. KOUTON dévoile un peu de ses significations : l’Afrique, ses richesses culturelles, ses traditions ancestrales – la lumière, la couleur, le visible et l’invisible, la force –, la quête d’identité et le brassage, les métissages et les équilibres, la sagesse et la sérénité, la lucidité et la rébellion, l’étonnement et la recherche, l’abandon et la renaissance…

Sur sa peinture, Didier HOUẺNOUDẺ écrit : « Il fait partie des artistes dont la démarche s’oriente plutôt vers une recherche esthétique fondée sur la dimension chromatique. Les toiles de KOUTON montrent une recherche axée essentiellement sur l’équilibre des couleurs. Son œuvre est dominée par deux couleurs principales, le bleu et le jaune ocre. Inlassablement ces deux couleurs reviennent dans ses œuvres sans jamais provoquer de monotonie. Chez l’artiste, la signature est également un facteur important.
Elle fait partie intégrante de l’œuvre d’art elle-même. Toujours centrée dans l’œuvre, audessus ou en-dessous des motifs peints, la signature de KOUTON, est calligraphiée, et trouve sa place dans le tableau. Il n’y a dans les toiles de KOUTON rien laissé au hasard. L’artiste
semble habité par un souci permanent de la symétrie et de l’équilibre. Les toiles sont dépouillées de tout détail ou élément superflu. Il y a une sorte de légèreté qui émane des œuvres de KOUTON. La distribution de l’espace dans les toiles contribue à renforcer cette impression de légèreté. Peu d’artistes béninois montrent un tel souci de légèreté, de maîtrise de la couleur et de recherche esthétique. » Didier Marcel HOUẺNOUDẺ, Entre stéréotypes et affirmation identitaire : quatre artistes contemporains d’Afrique occidentale, Thèse de Doctorat Unique en Histoire de l’Art, août 2007. Université de Trèves / Allemagne.

L’artiste s’intéresse également à la sculpture, sculpture fondée sur la récupération de matériaux divers. Depuis 2003, son travail concerne plus particulièrement les chaussures transformées en masques que Syl. Pâris. KOUTON nomme Masques « Baata » (« Baata signifiant « chaussures » en langue Yoruba) dont la place et le rôle dans certaines cultures africaines traduisent des significations précises : importance des chaussures dans le rituel d’intronisation du roi de Porto-Novo, utilisation des chaussures dans certaines cérémonies, objets d’interdit dans la majorité des temples et des lieux sacrés.

Saïdou Alcény BARRY écrit à propos de l’installation : « Cité Baata ; l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la conscience collective » – Exposition internationale Biennale Regard Bénin 2012/ Inventer le Monde : l’Artiste Citoyen, Centre Kora/Cotonou.

« Cité Baata, l’invitation des chaussures à se réconcilier avec soi-même et la conscience collective est une installation d’objets de récupération dont principalement des chaussures transformées en masques, en coiffures et en sculptures zoomorphes par l’adjonction d’autres objets. Cité Baata est un sanctuaire, on y entre déchaussé mais au-delà de la référence au Vodoun, cette œuvre joue sur plusieurs registres.
L’artiste joue sur plusieurs niveaux de réception de son travail, passant de la métaphysique au trivial, du religieux au commercial, de la similitude entre les attitudes face au sacré et celles devant la consommation. Cité Baata articule avant tout un discours critique sur nos modèles de consommation et sur le paradoxe de notre monde qui congédie les dieux vodoun pour y installer d’autres : l’étagère du magasin d’objets devient l’autel dédié au produit de consommation.
La démarche de Kouton est subtile, subversive […]. L’art de Syl Pâris Kouton consiste à puiser dans les référents de sa culture vodoun pour penser une réflexion sur les interférences entre le local et le global dans un monde devenu village planétaire. »
Publié par Saïdou Alcény BARRY le 1/06/2014
Libellés : Portraits d’artistes
Cette installation est une forme d’invitation à se questionner sur la matière réinventée, son origine, une forme de déconstruction/reconstruction, un immuable fondamental et une plasticité créatrice.

Et l’artiste de conclure :
« […] la tradition constitue pour moi une vraie source d’inspiration.
Ainsi je l’utilise avec précision car rien n’est à compléter ni à diminuer de l’ancestralité.
L’arbre debout avec les feuilles a des racines.
Donc une pratique contemporaine ne peut écarter la Tradition.
Ainsi l’artiste contemporain pour mieux s’extérioriser doit toujours puiser dans son grenier ancestral sinon il est un hybride, un déraciné… » Lettre de motivation pour résidence d’artistes à Sion (Suisse), 2012.

 

Références bibliographiques

Didier Marcel HOUẺNOUDẺ, Entre stéréotypes et affirmation identitaire : quatre artistes contemporains d’Afrique occidentale, Thèse de Doctorat Unique en Histoire de l’Art, août 2007. Université de Trèves / Allemagne

Didier HOUẺNOUDẺ, Ph.D. (Historien de l’Art), Syl. Pâris. KOUTON, entre écritures et symboles, septembre 2008.
Saïdou Alcény BARRY le 01/06/2014
Libellés : Portraits d’artistes
http://boisacre.blogspot.fr/2014/06/syl-paris-kouton.html

 

Synthèse rédigée par Marie-José RAMONDETTI, relue par Géraldine TELLENE . Nov 2016